VIH/SIDA en France : avancées, prévention et enjeux actuels pour les professionnels de santé

Situation épidémiologique en France

  • Environ 200 000 personnes vivent avec le VIH en France.
  • Chaque année, on recense encore environ 5 000 nouvelles découvertes de séropositivité (données Santé publique France, 2023).
  • La majorité des nouvelles infections concernent : les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH),
  • les personnes originaires d’Afrique subsaharienne,
  • les usagers de drogues injectables (bien que cette population ait bénéficié de programmes de réduction des risques).
  • Environ 90 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, 92 % de celles-ci sont sous traitement, et 95 % ont une charge virale indétectable (objectif 90-90-90 atteint en grande partie).

Dépistage et diagnostic

    • La France dispose d’un réseau important de dépistage : CeGIDD (Centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostic),
    • Médecins généralistes et structures hospitalières,
    • TROD VIH (tests rapides d’orientation diagnostique), accessibles via associations et pharmacies,
    • Autotests VIH, disponibles en pharmacie.
    • Le dépistage reste insuffisant dans certaines populations vulnérables, avec des diagnostics souvent tardifs. Les professionnels de santé jouent un rôle clé pour proposer un dépistage opportuniste lors de consultations de routine.

Traitement et prise en charge

  • Les antirétroviraux (ARV) sont disponibles gratuitement en France via l’Assurance maladie.
    • Les schémas thérapeutiques actuels privilégient : des combinaisons simplifiées (1 comprimé/jour),
    • des molécules mieux tolérées (inhibiteurs d’intégrase),
    • des stratégies adaptées aux comorbidités (hépatites virales, maladies cardiovasculaires, cancers).
  • Prise en charge précoce : l’initiation rapide du traitement après diagnostic est désormais la norme.
  • Injectables longue durée : cabotégravir + rilpivirine sont disponibles en France (injections mensuelles ou bimestrielles). Ils représentent une alternative pour améliorer l’observance.

Prévention

  • PrEP (prophylaxie pré-exposition) : Disponible depuis 2016 en France, intégralement remboursée, prescrite par médecins hospitaliers, CeGIDD, puis généralisée aux médecins de ville.
  • Schémas quotidiens ou « à la demande » (schéma 2-1-1) adaptés aux HSH.
  • Préservatifs : distribués gratuitement aux moins de 26 ans depuis janvier 2023.
  • Réduction des risques : maintien des programmes pour les usagers de drogues (salles de consommation à moindre risque, programmes d’échange de seringues).
  • Prévention materno-infantile : quasi-élimination de la transmission verticale en France grâce au dépistage systématique pendant la grossesse et au traitement adapté.

Avancées récentes

  • Cabotégravir injectable recommandé en prévention (PrEP) par l’OMS et en cours d’intégration progressive en France.
  • Recherche sur de nouvelles stratégies de PrEP longue durée (implants, lenacapavir semestriel).
  • Développement de tests de dépistage de 4ᵉ génération plus sensibles et réduction de la fenêtre sérologique.
  • Amélioration de la prise en charge des co-infections VIH/VHB/VHC, avec un accès élargi aux traitements antiviraux.

Défis en France

  • Diagnostic tardif : environ 25 % des patients découvrent leur infection à un stade avancé (CD4 < 200/mm³).
  • Inégalités territoriales et sociales : forte concentration des cas en Île-de-France et dans les grandes métropoles, populations migrantes souvent diagnostiquées tardivement.
  • Adhésion et suivi : malgré des ARV efficaces, l’observance reste un défi pour certains patients (troubles psychiatriques, précarité, addictions).
  • Stigmatisation : encore un frein majeur au dépistage et à la prévention, nécessitant un travail d’éducation et de sensibilisation.

Messages clés pour les professionnels de santé

  1. Proposer le dépistage de manière proactive, notamment aux patients ayant des facteurs de risque, mais aussi lors de situations cliniques évocatrices (IST, tuberculose, zona chez un jeune adulte, perte de poids inexpliquée, etc.).
  2. Encourager la PrEP : informer activement les patients à risque qu’elle est efficace, remboursée, et désormais plus accessible.
  3. Actualiser ses connaissances thérapeutiques : nouvelles formes injectables, gestion des comorbidités, prise en charge des résistances.
  4. Accompagner au-delà du biomédical : soutien psychologique, lutte contre la stigmatisation, orientation vers les associations et dispositifs sociaux.
  5. Renforcer la prévention combinée : préservatif, PrEP, dépistage régulier, traitement comme prévention (TasP : Treatment as Prevention).

Conclusion

La France dispose d’outils performants en termes de dépistage, traitement et prévention, mais l’épidémie de VIH persiste. Les innovations thérapeutiques (notamment les formes injectables) et préventives offrent des perspectives majeures, mais leur succès dépendra de leur diffusion effective et de l’implication des soignants dans la sensibilisation, le dépistage et l’accompagnement global des patients.